Guy de Picciotto

Quels aspects vous plaisent le plus sur le Vulcain Trophy ?

Nous bénéficions d’une subtile harmonie entre des bateaux formidables, des équipages affutés et un format de courses bien pensé, qui donnent lieu à des régates intéressantes et un championnat de haut niveau, le tout à domicile. Il s’agit d’un mix de rêve!

S’il fallait changer quelque-chose ?

C’est là où le rêve prend fin, mais si nous pouvions nous passer des heures perdues à attendre que le vent se lève, ce serait formidable. Seul le côté imprévisible de la météo peut entraîner une certaine lassitude, mais cela fait partie du jeu.

Lesquels vous paraissent les plus importants pour la cohésion du circuit ?

Sans un groupe de propriétaires soudés qui portent le circuit, s’engagent à participer à toutes les régates et font évoluer la série lentement mais sûrement, nous n’aurions sans doute pas fêté le dixième anniversaire l’an passé avec autant d’enthousiasme. Je pense qu’en changeant de support nous n’aurions plus la même cohésion.

© Loris von Siebenthal
Votre meilleur souvenir de la décennie passée en D35 ?

Il en existe de très nombreux. Naturellement, notre deuxième place du championnat l’an passé et la victoire du Grand Prix Beau-Rivage Palace de Lausanne qui l’a accompagné en constitue un particulièrement bon. Mais j’évoque aussi avec beaucoup de bonheur ce chavirage sans gravité dans le petit lac il y a deux ans, qui ne nous a pas empêchés de redresser très rapidement le bateau et de repartir directement dans la manche suivante tous euphoriques. Même si nous avons réalisé un peu plus tard que les coques n’avaient pas apprécié. Sans oublier le passage de la ligne d’arrivée de chaque Bol d’or Mirabaud, tellement long, qu’elle est vécue comme une véritable délivrance !

Par quoi avez-vous été le plus surpris la saison passée ?

A vrai dire, je fus surpris de constater notre vitesse, notre capacité à nous retrouver en permanence aux avant-postes, et qu’en fait nous étions dans la course au podium d’un bout à l’autre du championnat. Jusqu’à présent notre déficit d’entraînement par rapport aux équipages les plus en vue ne nous le permettait pas, mais il a été visiblement compensé par le fait que notre équipage navigue ensemble depuis trois ou quatre saisons, et par un nouveau jeu de voiles vraiment performant.

Visez-vous à nouveau le podium en 2014 ?

C’est clair, même si j’ai bien conscience qu’il ne vaut mieux pas le viser pour l’atteindre… les prétendants sont nombreux et la lutte est serrée, surtout qu’Alinghi, Realstone et Ladycat naviguent en permanence dans d’autres compétitions.

Quel regard portez-vous sur le soutien que vous avez apporté aux jeunes par le passé ?

C’est très bien de pouvoir le faire, mais idéalement il faudrait aussi prévoir un encadrement, ou au moins un leader qui fédère un petit groupe autour d’un projet fort. Mettre à disposition un D35 comme j’ai eu l’occasion de le faire m’a parfois laissé des sentiments mitigés, car il me semblait que les jeunes qui avaient la chance d’en bénéficier ne le réalisaient pas et donc n’en profitaient pas assez. Ce qu’a entrepris Alex Schneiter avec Team Tilt prend beaucoup plus de sens, il s’agit d’une aventure passionnante.

Y a-t-il une vie vélique après le D35 ?

Je ne me verrais pas naviguer en monocoque, c’est sûr. Penser à l’après D35 ? Je vais sans doute devoir y songer car j’aurai bientôt 55 ans, mais il faudrait un autre multicoque plus léger à mettre en place en termes d’équipiers. Paradoxalement, la compétition implique du stress et des contraintes, mais sans elle on ne naviguerait certainement pas autant, alors à ce stade je ne vois pas encore vers quoi je pourrais me reconvertir.

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