« Finir la saison de cette manière, dans 25 nœuds de vent, c’est un vrai bonheur ! Avec la vitesse… ça fumait sur l’eau, c’était magique ! », lance Jérôme Clerc, les yeux brillants, juste après avoir amarré son Realstone Sailing au quai d’honneur de la Société Nautique de Genève.

Un travail de tous les instants, un potentiel de jeunesse... La réussite du CER sur Realstone Sailing est impressionnante. © Jean-Guy Python

La toute dernière journée du Grand Prix Facchinetti s’est révélée palpitante. L’ultime étape du Vulcain Trophy 2012 aura été épuisante pour les nerfs. Dans des rafales de 20 à 25 nœuds, sur un lac moutonnant, on a pu assister à une bataille sans merci entre Realstone Sailing, Ladycat et Alinghi, le trio de tête.

En tête de la Genève-Rolle-Genève, du Bol d’Or Mirabaud, du Grand Prix Grange et finalement du Grand Prix Facchinetti, Jérôme Clerc et son équipage du CER ont présenté cette saison l’image d’une équipe véritablement homogène. En remportant six des huit épreuves de l’année sur le Léman, les membres du team ont tous démontré l’excellence de leurs qualités techniques : Denis Girardet et Bruno Barbarin, qui se sont échangé les rôles au cours de la saison, les régleurs Arnaud Psarofaghis et Cédric Schmidt, le n°1 Bryan Mettraux et les embraques Thierry Wasem, Nils Palmieri et Christian Monachon, « moteurs » du bateau. Les protagonistes du Vulcain Trophy doivent désormais compter avec ceux qu’on a vite surnommé les « Kids de Realstone », de jeunes navigateurs bien présents qui ont acquis une belle facilité à tutoyer les sommets.

La dernière épreuve du Vulcain Trophy, le Grand Prix Fachinetti aura été épuisante pour les nerfs. © Jean-Guy Python

Après l’euphorie des victoires successives, une fois les dernières gouttes de champagne avalées, Jérôme Clerc fait preuve d’une grande modestie dans l’analyse de ses succès : « Depuis le début de la saison, on se bagarre pour gagner ce championnat. Même si ça paraît facile puisqu’on a tout le temps été devant, il a fallu mettre la pression constamment. On a gravi les échelons à force de navigation. Notre réussite, c’est l’aboutissement d’un travail qui a commencé il y a quatre ans et c’est aussi la victoire du CER », explique le skipper de Realstone Sailing.

La relève en marche

Les grands vainqueurs de cette saison 2012 suscitent l’admiration des autres barreurs : « Je suis très content que le CER navigue sur ce bateau avec un magnifique potentiel de jeunesse qui est véritablement la relève de la voile. Ces garçons-là ont dix ou quinze ans de moins que nous et c’est très bien qu’ils viennent nous chercher et qu’ils soient devant cette année. Ça nous donne une motivation supplémentaire pour la prochaine édition », ajoute Ernesto Bertarelli qui connaît bien l’équipage du catamaran bleu, puisqu’à bord d’Alinghi, il a passé une bonne partie de la saison à s’entraîner de conserve avec Realstone Sailing. Il poursuit : « Indéniablement, on a vécu de belles bagarres avec eux. Ils sont jeunes, ils naviguent bien, ce sont donc de magnifiques sparring-partners et c’est agréable de se mesurer avec eux au plus haut niveau. »

Tout au long de cette saison, Alinghi s’est battu comme un beau diable pour finir à la deuxième place. « Une motivation supplémentaire pour la prochaine édition en 2013 », selon Ernesto Bertarelli. © Jean-Guy Python
Cap sur 2013

On le voit, la saison a été passionnante à tous points de vue : le parcours d’Alinghi, qui s’est battu au long des étapes pour accéder à la deuxième place, et le très beau travail fourni par l’équipage de Ladycat, forcent l’admiration. Dona Bertarelli peut être satisfaite : « Je suis heureuse ! C’est le résultat de six ans d’apprentissage. Je souhaite remercier non seulement mon équipage actuel, mais toutes les navigatrices qui ont navigué avec moi jusqu’à aujourd’hui. Il nous a fallu quatre ans pour gagner le Bol d’Or Mirabaud et six pour monter sur le podium du Vulcain Trophy. Je suis vraiment fière du travail accompli ! » Et qu’en est-il des protagonistes qui seront sur les rangs en 2013 ? Il semblerait que la plupart des actuels propriétaires seront présents l’année prochaine. A l’exception de Philippe Cardis qui finit la saison au pied du podium et a décidé de se retirer du circuit : « C’est une page importante de ma vie qui se tourne.» précise Cardis à l’issue de la remise des prix. «Je remercie mon équipage, mais aussi Ernesto Bertarelli, Nicolas Grange et Guy de Picciotto, sans qui tout cela n’existerait pas: un jour, nous nous sommes assis autour d’une table pour monter ce projet d’une classe de bateaux exceptionnelle. Enfin, je souhaite rendre hommage à Dona Bertarelli, avec qui nous nous sommes battus jusqu’au bout pour la troisième place. Nous avons dû nous incliner, je la félicite car je suis vraiment impressionné par la vitesse à laquelle elle a appris à barrer ce bateau ! ». Rendez-vous donc en 2013 pour une nouvelle mouture du championnat lacustre. Ernesto Bertarelli, lui, reste optimiste sur l’avenir de la série : « Je pense qu’on aura le même nombre de bateaux. Incontestablement, il va y avoir du travail parce que le niveau monte et que la qualité des équipages est excellente. » Comme nous l’apprend l’interview d’Alex Schneiter en page 36, l’ex-Foncia naviguera sous les couleurs de Tilt, mené par un équipage encore plus jeune que celui du CER dans le cadre du projet suisse de Youth America’s Cup. Si les D35 n’existaient pas, il faudrait les inventer !

Une lutte impitoyable entre (de g. à dr.) Artemis Racing, Realstone Sailing et Ladycat  de Dona Bertarelli. © Jean-Guy Python